Mexique : Un méga train à touristes sur les rails
Les travaux pharaonique d’un méga train touristique dans la péninsule du Yucatan vont débuter. Ce sont 800 000 touristes par an qui débouleront des plages des caraïbes directement aux pieds des sites sacrés des Mayas, faisant craindre le pire pour la région.
C’est un projet fou, mais c’est pourtant une réalité. En 2024 le mega train, désigné sous le nom trompeur de « tren maya », accueillera ses premiers passagers.
Tout part de la promesse du nouveau président socialiste Andrés Manuel Lopez Obrador de désenclaver la péninsule du Yucatan. Un territoire habité par de nombreuses communautés Maya et riches de trésors archéologiques inestimables. Son souhait : créer de l’emploi et de la richesse en attirant des touristes.
Ainsi né le « train Maya ». Son trajet doit relier les principaux sites culturels Maya, souvent isolés de tout, aux grandes villes touristiques de la région. Soit 1500 kilomètres de ligne, jonchés de 18 stations pour un coût de 6 milliards d’euros, financé entièrement par les fonds public.
8000 touristes transportés par jour
Le projet, outre de grever les finances publiques, pose de nombreux problèmes. Sa construction va inévitablement engendrer déforestation et réduction de la biodiversité. Les sous sols du Yucatan, truffés de grottes inondées « les cénotes », devrait aussi payer un lourd tribut. Les vibrations du train fonçant à 160 km/h pourraient provoquées leur effondrement. Bien sur certain trains circulent déjà au Yucatan, mais il s’agit de train de marchandise ne dépassant pas les 50 km/h.
L’afflux de touristes devrait quant à lui voir hôtels, resorts et centre commerciaux pousser comme des petits pains ponctionnant les faibles ressources en eau potable de la région.
La population locale verra passer le train mais restera sur le quai. Difficile en effet de s’offrir un billet lorsque le salaire minimum est de 6 euros par jour.
Des critiques de l’ONU
En décembre dernier, un référendum sur le projet eu lieu dans les Etats mexicains concerné par le passage du train. Sur les 100 000 votants, le résultat fut sans appel. 92% ont voté pour le train, ouvrir la voix royale au projet.
Pourtant dès la fin du scrutin, l’ONU a pointé du doigt certaine irrégularités. Selon le Haut Commissariat des Nations Unis au droit de l’Homme les participants n’ont pas eu, avant le scrutin, de « réponse claire et complète » sur les impacts négatif du train de la part du gouvernement. L’ONU pointe également que certaines communautés pensaient ne plus percevoir d’aide de l’état en cas de votre en défaveur du train.
Le gouvernement a nié et vertement critiqué à son tour l’ONU pour son « manque de respect pour les opinions volontairement exprimées des communautés indigènes »
Le précédent Cancun
Inutile d’attendre 2024 pour se faire une idée du visage du Yucatan dans quelques années. Prenons l’exemple de Cancun situé à l’extrémité Est de la péninsule. Dans les années 70, c’était un petite bande de sable fin bordée d’eaux turquoise où ne s’était implanté qu’un seul hôtel. Dans les années 1980, le gouvernement décide d’en faire un pole touristique de premier plan. Aujourd’hui la « zona hotelera » est une franche ininterrompue de béton sur 20 kilomètres où les touristes s’arrachent à prix d’or les 35 000 chambres d’hôtels. Lieu privilégié des « spingbreakers » américains les prix s’affichent partout en dollars américains et le coût de la vie y est si haut que la population locale a désertée les lieux.
En attendant, des collectifs indigènes se multiplient pour demander l’arrêt des travaux du tain et éviter ainsi une catastrophe écologique.